Autosabotage : le rôle des voix internalisées

Le terme galvaudé d’autosabotage cache des réalités multiples, complexes, individuelles et collectives. Notre Voix n’existe jamais sans celle des autres, aussi dès lors que nous avons la sensation que nous nous « auto-sabotons », c’est que quelque chose en nous parle plus fort que notre volonté de nous réaliser. Ces Voix internalisées dans notre mental émanent de différentes instances, d’espaces et de périodes de vive très variables. Au point que nous perdons souvent de vue, ou plutôt d’oreille, ce qui relève de notre (petite) voix véritable, et ce qui vient des discours des autres.

Qu’est-ce que je veux au fond?

Est-ce bien ma volonté d’agir ainsi?

Qu’est-ce que j’autosabote : des choses qui me tiennent à coeur, ou au contraire des choses dont j’aimerais inconsciemment me débarrasser?

Derrière les apparences, que se cache-t-il?

Je m’autosabote :

Je fais en sorte qu’un projet de coeur n’aboutisse pas

Je laisse tomber une relation que j’aime

Je finis par décliner une proposition intéressante

Ou bien…

J’évite d’aller au bout des choses car finalement ça ne me convient pas

J’arrête d’entretenir des liens car finalement je ne me retrouve pas dans ces relations

Je fais comme si c’était un ratage voulu alors que je suis bien soulagé d’en avoir terminé

L’autosabotage est devenu un objet marketing pour nous faire culpabiliser de ne pas « réussir » à agir selon nos désirs. Mais savons-nous véritablement écouter nos désirs profonds?

Il est hélas très facile de se culpabiliser en se disant « une fois de plus, j’ai abandonné. J’ai tout fait rater alors que ça marchait très bien. J’avais tout pour réussir et je n’ai pas saisi ma chance. »

Le discernement des voix internalisées et de notre petite voix est une étape indispensable pour ne plus nous faire berner par l’étiquette conceptuelle de l’autosabotage.

Dans une société où nous est toujours demandé d’être plus, de faire plus, tout en étant « authentique », « aligné », il demeure compliqué de faire la part des choses.

Et si l’autosabotage n’était qu’une forme de rappel inconscient de notre pouvoir de décision intrapersonnel?

Que sont les Voix internalisées ?

Ce sont tous les discours, programmes, scènes du passé, associant mots, gestes, attitudes corporelles, qui nous viennent de l’extérieur et qui modèlent profondément la façon dont nous nous exprimons. Dès la petite enfance et même avant, nous enregistrons intérieurement la façon dont nous devons nous exprimer pour être accepté dans ce monde. Nos parents, tuteurs, enseignants, l’entourage de façon générale, et autour les personnes influentes, deviennent des prescripteurs pour les choses qu’on a le droit de dire, faire penser. Pour évoluer vers notre réalisation nourrissante dans le monde, pour tout simplement prendre ntore place, la vie de nous demande d’apprendre à faire la part des choses entre les Voix dans notre tête qui ne sont que celles des autres, et cette voix intérieure qui n’appartient qu’à nous. La frontière entre les deux est bien évidemment fictive, poreuse, évolutive, fluide. Notre propre chemin, notre Voie et donc notre voix, est influencé par celui des autres. De même que nous influençons une part du chemin des autres.

Le phénomène décrit comme de l’autosabotage reflète davantage à mon sens une confusion mentale entre ces voix, au point que parfois nous ne savons plus pourquoi nous agissons ou pourquoi nous sommes bloqués pour agir…

Que dit notre vraie Voix?

Cette vraie Voix, que j’appelle ainsi pour la distinguer des Voix internalisées, est la Voie du coeurps, la Voix de l’âme. Elle n’obéit qu’à ses propres règles, tout en intégrant les apports précieux des mots des autres. L’extérieur n’est pas à rejeter, le fantasme d’une voix intérieure parfaitement claire et autodéterminée le montre bien. Nous sommes soumis naturellement dans nos choix à des hésitations, des moments où nous expérimentons en copiant plus ou moins les autres, en agissant pour plaire sans respecter notre désir… Le chemin de distinction et d’écoute profonde de notre vraie Voix est un chemin de patience, de joie, de reconnaissance de ce qui relève de moi un peu ,beaucoup, pas du tout, de ce qui relève des autres un peu, beaucoup, pas du tout. L’ego « bien placé » sait écouter sa petite voix pour ne pas tomber dans le piège de plaire à tout prix ou faire rater à tout prix… pour se prouver qu’on vaut quelque chose ou à l’inverse pour confirmer la croyance qu’on ne vaut rien.

Comment utiliser notre Voix pour éviter l’autosabotage?

La première étape consiste à entrer voire approfonder l’écoute profonde de soi, tout autant que l’écoute des autres. A la clé, nous retrouvons ce discernement :

est-ce que je cherche à faire plaisir à quelqu’un quand je m’exprime sous le joug du perfectionnsime ?

Est-ce que je cherche à confirmer une croyance sur moi quand je me tais alors que j’ai des choses à dire?

Qui parle en moi? Le petit moi (l’ego), ou bien la voix libre du coeur?

Une deuxième portion du chemin peut consister à prendre conscience que l’autosabotage est souvent lié à la peur de prendre notre place. Risquer de briller ou risquer de décevoir, cela revient au même : la peur de ne pas répondre aux attentes des autres. Cette anxiété est souvent plus forte lorsqu’on se perçoit comme en décalage avec son milieu familial, professionnel, amical… Etre à part est en réalité le vécu que nous partageons tous. S’individuer sereinement, c’est bien apprendre à utiliser notre Voix au service de notre Voie personnelle, tout en restant en lien avec le monde et ses nourritures inspirantes venant des autres.

Au-delà de la psychologisation établie autour de l’autosabotage, peut-être pouvons-nous percevoir qu’il y a un chemin à la fois simple et exigeant qui se dessine : saurons-nous profiter de l’opportunité de ces prétendus ratages pour revenir à la maison, dans le coeur, pour retrouver notre propre langage intérieur?

L’amour et l’acceptation de ce que j’ai envie de dire me mène à l’élan naturel de réaliser ce qui me meut intérieurement, et donc à affirmer à travers ma voix parlée, chantée, écrite, ce que dit ma voix intérieur.

L’autosabotage, à mon sens, est avant tout le signal d’un désaccordage entre la voix intérieure et la réalisation extérieur et manifestée de cette voix, dans la matière concrète du quotidien.

Alors, comme pour un instrument, il nous faut revenir à une tension interne juste, pour que sonne dehors l’expression de notre être véritable.

Un violon sonne juste au milieu des autres quand il est accordé en fonction de lui et qu’il ose se faire entendre depuis son âme.

Oserez-vous vous accorder à votre âme pour la faire entendre sans peur ni culpabilité?

C’est le challenge que la Vie nous propose constamment, et c’est une Voie de libération de nos propres conditionnements. Non pas pour aller bien seul dans son coin, mais pour participer pleinement au flux de la Vie en libérant les autres à notre tour par notre Voix.e.

Concrètement?

Pour aller plus loin, la pratique du Bodyvoice flow vous remet au contact de votre voix intérieure en vous apprenant à connaître, aimer, utiliser votre Voix, au service de votre Voie. La base de la pratique est le retour à la sensation, donc l’écoute profonde de ce qui passe en soi et autour pour réappendre à tracer son chemin sans être entravé par les Voix internalisées qui nous limitent et nous font perdre de vue le sens de notre vie.

Je transmets à travers cette pratique des outils alchimisant mes expériences professionnelles et professionnelles autour des techniques psychocorporelles (Méthode Alexander et Feldenkrais), de la méditation (pleine conscience, méditation vocale, sons guérisseurs), et de l’improvisation vocale (le jeu pour harmoniser le Je). L’atelier thématique ci-dessous vous offre des bases pragmatiques pour amorcer le processus de discernement des Voix, et de sortie progressive de l' »autosabotage ».